À la rencontre de l’univers du Bell Orchestre avec Richard Reed Parry


Bell Orchestre

par Gabriel Paquin-Buki

L’inimitable Bell Orchestre sera de passage à la Maison symphonique le 25 novembre prochain, afin de présenter son nouvel album House Music, dans une mouture orchestrale avec les musiciens de l’OSM. Nous avons posé quelques questions au bassiste du groupe, Richard Reed Parry.

Richard Reed Parry

Vous vous présentez comme six musiciens de divers horizons musicaux. Quels sont-ils et comment Bell Orchestre s’est-il formé ?

Nous avons tous des antécédents musicaux très différents : certains ont une formation classique, d’autres ont étudié le jazz ou sont autodidactes. J’ai moi-même un diplôme en électroacoustique, avec option « danse contemporaine », mais c’est seulement alors que j’étais âgé de 19 ou 20 ans que j’ai commencé à jouer de la contrebasse. Notre musique s’inspire de divers paysages musicaux et tente de trouver un équilibre entre, d’une part, l’exploration intuitive de nouvelles couleurs et de nouvelles sensations et, d’autre part, nos influences et nos expériences. Nous avons commencé à jouer de la musique ensemble à l’université en créant, en direct, de la musique pour des spectacles de danse contemporaine.

Dans un orchestre traditionnel, il y a un chef d’orchestre pour guider les musiciens. Dans Bell Orchestre, quelqu’un prend-il ce rôle?

Dans notre ensemble, il n’y a pas de chef d’orchestre comme tel. Nous travaillons en étroite collaboration dans presque tout ce que nous faisons. Sarah et moi avons commencé à jouer ensemble et, à bien des égards, notre chimie a teinté toute la musique du Bell Orchestre. Mais le groupe est vraiment une bête symbiotique qui possède sa propre sensibilité. Nous avons l’habitude de prendre nos meilleures décisions inconsciemment, sans d’abord en discuter. Chaque membre amène sa propre voix, essentielle et unique, et n’importe lequel d’entre nous peut diriger à tout moment, si son idée est claire. Louis Armstrong a eu ce mot célèbre : « si ça sonne bien, c’est *bien*. » Nous avons tendance à être d’accord entre nous sur ce qui sonne bien, heureusement!

La musique classique joue-t-elle un rôle dans l’élaboration de vos œuvres, et si oui, lequel?

Absolument. Chacun de nous est profondément influencé par d’innombrables compositeurs et interprètes classiques, de Debussy à Stravinsky en passant par Steve Reich et le Kronos Quartet. Nous avons souvent assisté à des concerts tous ensemble. Je me souviens de cette fois où nous sommes allés à New York, au Carnegie Hall, pour entendre le concert du 70e anniversaire de Steve Reich!

Lorsque nous écrivons de la musique ensemble, nous nous demandons souvent ce qu’un compositeur en particulier pourrait faire avec l’idée sur laquelle nous travaillons, que ce soit du point de vue de la tonalité ou de la forme. La musique classique est une source d’inspiration inépuisable.

Comment l’idée d’adapter votre album House Music en version symphonique vous est-elle venue ?

Il est naturel pour nous de travailler en collaboration. Je pense que l’idée est venue d’un concert à Copenhague avec André de Ridder. Nous avions alors demandé à deux de nos amis, Nico Muhly et Owen Pallett, d’arranger quelques-uns de nos anciens morceaux, ainsi qu’une poignée de compositions solo, pour pouvoir les jouer avec l’orchestre symphonique. Sarah a joué l’une de ses propres œuvres solo avec l’orchestre, lequel a aussi créé le premier mouvement d’une pièce que j’ai écrite avec mon ami Bryce Dessner. Tout cela s’est très bien passé et fut très amusant. Alors nous avons décidé de renchérir et d’essayer d’adopter ce format pour tout l’album.

Bell Orchestre

À quoi peut-on s’attendre de ce concert où vous fusionnerez avec l’OSM?

Nous espérons que la magie de la ville natale opérera ! C’est le premier concert que la plupart d’entre nous auront donné depuis le début de la COVID. Alors, il y a beaucoup d’énergie musicale qui dort et qui attend l’occasion de se réveiller, c’est certain.

C’est une pièce musicale ininterrompue de 45 minutes que nous allons jouer. Ce sera donc, contrairement à la plupart de nos prestations, un concert de format classique, même si nous bénéficierons toujours d’une amplification.

Depuis sa sortie, House Music a évolué de multiples façons. Après sa version initiale, il a connu une version orchestrale, puis a accompagné une projection lors de l’événement Pop Montréal. Qu’est-ce qui fait que cet album soit si fluide entre les différents médiums ? Lui envisagez-vous d’autres formes?

Les nouvelles formes et les nouvelles hybridations sont toujours passionnantes pour le public. Il est très difficile de découvrir de nouvelles façons de faire qui sauront intéresser les amateurs de musique — et cela vaut pour toutes sortes de musiques : classique, pop, hip-hop ou jazz, etc. C’est pourquoi il est si passionnant de nous aventurer quelque peu au-delà des frontières, d’autant plus que nous le faisons avec l’OSM, ce qui nous ravit encore davantage.

Quel est votre plus beau souvenir au sein de Bell Orchestre?

Le moment où nous avons écrit notre premier album, Recording a Tape the Colour of the Light, dans une cabane glaciale, au Vermont, en plein hiver, il y a de nombreuses années. Nous avions dû transporter notre nourriture sur des traîneaux et traverser un lac gelé, à pied, avec nos instruments sur le dos. Les membres de ce groupe sont, de manière assez particulière, sur la même longueur d’onde, non seulement pour la musique, mais aussi autour de la musique.