La Passion selon saint Luc de Penderecki : 7 clés pour mieux l’apprécier


Le 20 juillet prochain, l’Orchestre symphonique de Montréal ouvrira le Festival de Salzbourg avec la Passion selon saint Luc, du compositeur polonais Krzysztof Penderecki. Elle sera également jouée à Cracovie, en Pologne, le 18 juillet. Le public québécois est invité à découvrir cette œuvre monumentale et saisissante, le 14 juillet prochain, au Festival de Lanaudière.

Voici sept clés pour se préparer à l’écouter.

 

1-Qui est Krzysztof Penderecki?

Né en Pologne en 1933, Krzysztof Penderecki est l’un des compositeurs les plus importants de notre époque. Il est l’auteur d’une œuvre imposante incluant quatre opéras, huit symphonies, et des centaines de pièces pour orchestre, chœurs, musique de chambre et instruments solo.

 

2-Contexte de création

La Passion selon saint Luc a été commandée à Penderecki pour la commémoration du 700e anniversaire de la cathédrale de Münster, en Allemagne. La première a eu lieu le 30 mars 1966, à la cathédrale, sous la direction du chef Henryk Czyz, et fut un grand succès.

 

3-Une foi profonde dans un contexte historique particulier

Catholique, Krzysztof Penderecki a toujours été très croyant et cette foi marque son œuvre, où figurent plusieurs œuvres sacrées, comme son Requiem polonais. Au sujet de sa Passion, il a déjà dit :

« Je suis catholique romain, mais, selon moi, il n’est pas nécessaire d’appartenir à une Église pour composer de la musique religieuse : l’essentiel est d’avoir à exprimer une foi. »

Gabriel Sabourin sera l’évangéliste dans la Passion selon saint Luc

4-La souffrance humaine, au-delà du religieux

Dans toute son œuvre, Penderecki est très préoccupé par la souffrance humaine.

Ainsi, dans sa Passion selon saint Luc, Penderecki ne souhaite pas seulement décrire la souffrance du Christ, mais également celle de toute l’humanité. Il l’a lui-même déjà expliqué ainsi :

« J’ai eu recours à l’archétype de la Passion ; c’est-à-dire à un thème vieux de deux mille ans, pour exprimer non seulement la Passion et la mort du Christ, mais pour dire aussi la cruauté de notre temps, la cruauté d’Auschwitz »

 

5-La musique comme expérience mystique

La Passion de Penderecki est une œuvre qui captive par ses contrastes et sa force d’évocation. Dès les premières mesures, on est saisi par son caractère sombre, voire lugubre. Bien qu’elle en impose à l’auditeur et soit exigeante, elle est toutefois accessible par son caractère universel et sa puissance, qui nous plongent dans un état d’intériorité et de réflexion sur soi salutaire. La musique, ici, agit comme vecteur d’une expérience humaine profonde et spirituelle.

 

6-Liens avec Bach

Penderecki était pleinement conscient du défi colossal qui l’attendait en composant, comme Jean-Sébastien Bach avant lui, une grande œuvre sur la passion du Christ. Comme Bach, le compositeur s’est basé sur les textes évangéliques, et on retrouve donc un Évangéliste, le narrateur, dans sa pièce.

 

7-Rencontre du passé et du présent.

La Passion de Penderecki est marquée par ses efforts pour développer un style qui permettrait une rencontre du passé et du présent, un souci qui a largement influencé son parcours musical.

Dans un entretien accordé en 1997, le compositeur a lui-même expliqué sa démarche en ces termes :

« La Passion selon saint Luc a été ma première tentative pour trouver un langage musical qui serait non seulement moderne, mais qui emploierait aussi des éléments du passé. Je cherchais une façon de faire coexister le style très avant-gardiste de mes œuvres expérimentales et le passé. »

 

La Passion selon saint Luc, 14 juillet 2018, 20 h, amphithéâtre Fernand-Lindsay, Festival de Lanaudière

18 juillet, Cracovie, Pologne.

20 juillet, concert inaugural, Festival de Salzbourg, Autriche