Deux ans après avoir émerveillé le public montréalais lors de son dernier passage à l’OSM, Jacques Lacombe retrouve l’orchestre pour un double concert aux accents russes.

Maestro Lacombe a une relation très particulière avec l’Orchestre symphonique de Montréal. « Je suis presque un enfant de l’OSM : j’ai grandi avec l’orchestre quand j’étudiais au conservatoire de Montréal », dit-il au téléphone de Monaco, où il termine la production d’un opéra.
Spectateur assidu de l’OSM, Jacques Lacombe en est devenu l’un des principaux acteurs. D’abord chef assistant, il a ensuite assuré avec brio un intérim de quatre ans à titre de premier chef invité, jusqu’à l’arrivée de Kent Nagano en 2006.
Aujourd’hui, alors qu’il partage son temps entre l’Opéra de Bonn en Allemagne, l’Orchestre symphonique de Mulhouse en France, l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières (il est né au Cap-de-la-Madeleine) et ses nombreux engagements partout dans le monde, Jacques Lacombe considère toujours ses retrouvailles avec l’OSM comme des moments privilégiés.
« On se connaît depuis tellement longtemps ! Il y a un respect, une confiance et une complicité entre les musiciens et moi. De sorte que, au moment du concert, jaillit toujours une petite étincelle qui donne au public l’impression de vivre un moment unique et de grande qualité. » Sa dernière performance à Montréal, en 2016, « restera longtemps dans les mémoires », écrivait alors Le Devoir.
« L’OSM est un des seuls orchestres au monde qui aient véritablement un style, une culture orchestrale empreinte de rigueur, de discipline, poursuit Jacques Lacombe. Il est le plus européen des orchestres américains : il allie parfaitement le côté pratique et efficace de l’Amérique du Nord avec le charme de l’Europe. »
Le maestro revient à Montréal les 7 et 8 février pour un programme de musique russe, mettant en vedette deux géants de la musique du 20e siècle, Prokofiev et Chostakovitch.
La pièce de résistance en sera la Symphonie n° 5 de Prokofiev, l’œuvre dont le compositeur s’est dit le plus fier. Composée durant l’été 1944, cette symphonie est d’abord considérée comme une célébration de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie.

Le hasard a fait que sa première représentation, en janvier 1945, s’est inscrite dans l’histoire. Alors que le compositeur lui-même venait de monter sur le podium de la grande salle du conservatoire de Moscou, une salve de canons salua l’Armée rouge qui venait de franchir la Vistule, en Pologne, pour marcher vers Berlin. À en croire un pianiste qui assistait à la scène, Prokofiev avait sa baguette levée : « Il attendit et commença seulement après que les canons se soient tus. »
Jacques Lacombe connaît très bien cette symphonie, qu’il a dirigée à de nombreuses reprises mais jamais avec l’OSM. Comme il le fait souvent, Maestro Lacombe dirigera l’œuvre par cœur.
Pour lui, la 5e symphonie de Prokofiev est l’une des œuvres orchestrales majeures du 20e siècle : il n’y entend pas qu’une ode patriotique à la gloire militaire soviétique, ni même seulement « un chant d’hommage à l’homme libre et heureux », comme l’a définie Prokofiev. « L’œuvre comprend aussi des moments très sombres, dit Jacques Lacombe. Dans le troisième mouvement, c’est toujours la même image qui me vient en tête : celle du tableau Le cri de Munch. »

Alors que cette symphonie est l’une des plus jouées de Prokofiev, le Concerto pour violon n° 2 de Chostakovitch, qui ouvrira le concert, est quant à lui interprété beaucoup moins souvent. C’est la violoniste d’origine russe Alina Ibragimova qui le fera découvrir au public montréalais. « Le contraste entre les deux œuvres constituera un mariage très intéressant », conclut Jacques Lacombe, qui a bien hâte de retrouver les musiciens de l’OSM.

Le concert Jacques Lacombe et l’âme russe sera donné mercredi 7 février à 19 h et jeudi 8 février à 10 h 30 à la Maison symphonique de Montréal.
Après le concert de mercredi, il assistera au cocktail « L’Après-ski » pour les moins de 35 ans organisé par le Club des jeunes ambassadeurs de l’OSM.
