Michael Tilson Thomas, passeur d’émotions


Quand l’histoire se répète…

Chef d’orchestre, compositeur et pédagogue exceptionnel, Michael Tilson Thomas a transmis sa passion pour la musique classique à des milliers de musiciens, dont plusieurs de l’OSM qui ont joué sous sa direction pendant plusieurs années. Le chef américain, qui figure au panthéon du magazine Gramophone, s’inscrit dans la filiation de son mentor Leonard Bernstein : la musique est vue comme une aventure humaine millénaire dont l’esprit doit perdurer sans jamais faillir, concert après concert. Issu d’une famille à la fibre artistique, ses parents ayant travaillé dans le domaine du théâtre et du cinéma, Tilson Thomas développe très jeune son goût pour la musique classique. À 25 ans, il devient chef assistant de l’Orchestre symphonique de Boston et acquiert une renommée internationale lorsqu’il remplace, en octobre 1969, le chef William Steinberg victime d’un malaise au milieu d’un concert. Ce n’est pas sans rappeler le jeune Bernstein qui avait remplacé au pied levé Bruno Walter en 1943.

À la source des œuvres

Durant sa formation, Tilson Thomas travaille avec Stravinsky, Boulez et Copland et deviendra par la suite un chaînon privilégié de la transmission de leur musique, tout en étant lui-même un compositeur prolifique. En 1995, il devient directeur musical de l’Orchestre symphonique de San Francisco, où il va insuffler aux musiciens l’essence de Mahler, Stravinsky, Reich ou Gershwin. D’un point de vue esthétique, il considère la partition comme un guide et non une fin en soi, laissant de l’espace aux musiciens pour donner une couleur et une personnalité au texte musical. La clé de sa renommée réside peut-être dans cette écoute à l’égard des musiciens : plutôt que de chercher à imposer ses choix, Tilson Thomas développe les perspectives de chaque orchestre à partir des forces de ceux-ci, convaincu que la musique, refuge des émotions, se transforme au contact de ceux qui la jouent, sans pour autant perdre son essence.

 

Nous essayons de retrouver l’inspiration qui est à la source de la notation.

– Michael Tilson Thomas

 

La transmission sous le signe de la modernité

L’analogie avec Bernstein peut se poursuivre en ce qui concerne l’importance accordée à la transmission de la musique. Défenseur d’une tradition vivante ininterrompue, Tilson Thomas multiplie les projets comme la série télévisée « Keeping score » qui vulgarise et démystifie les œuvres du répertoire, la collaboration avec les jeunes musiciens du New World Symphony à Miami ou encore le Youtube Symphony Orchestra dont il a dirigé le premier concert au Carnegie Hall en 2009. C’est donc un chef plein d’expérience, ancré dans la modernité qui dirigera pour la première fois à Montréal les 22 et 23 mai prochains. Au programme, le Concerto pour orchestre de Bartók et le Premier Concerto pour piano de Liszt avec le pianiste George Li. Un rendez-vous à ne pas manquer!