

Un chef touche-à-tout
Le chef espagnol originaire de Grenade est très en demande à travers le monde. Montréal ne sera pas en reste, puisqu’en mai prochain, Pablo Heras-Casado et l’OSM donneront corps à la mélancolique Première Symphonie de Tchaïkovski ainsi qu’à Tout un monde lointain de Dutilleux, œuvre empreinte d’un spleen baudelairien qui mettra en lumière le jeune violoncelliste Edgar Moreau.
À 41 ans, parlant un excellent français et un parfait anglais, Pablo Heras-Casado étonne par la grande variété du répertoire auquel il touche. Sa formation en chant classique, histoire de l’art et théâtre a sans doute contribué à ouvrir ses horizons artistiques, et alors qu’il n’a pas vingt ans, il a déjà fondé son ensemble de musique ancienne Capella Exaudi et fréquente l’univers de la musique contemporaine. Aujourd’hui chef émérite de l’Orchestra of St. Luke de New York et directeur du Festival de Grenade, il continue de cultiver ce goût pour les répertoires variés et est à l’aise avec des orchestres de chambre et symphoniques, dans la musique baroque, romantique, contemporaine et même opératique.
« Les orchestres sont des êtres vivants complexes »
De Harry Christophers, il a appris à connaître le langage musical dans sa plus pure et simple expression, et de Peter Eötvös ou Pierre Boulez, qu’il a longtemps côtoyés, le sens de la rigueur au service d’une musique qui respire. Grâce à sa pratique approfondie du chant, Pablo Heras-Casado a développé une relation singulière avec l’orchestre, qu’il considère comme un organisme vivant, avec lequel il communique par un contact direct et libre, sans baguette, dans un véritable transfert d’énergie émotionnelle, intellectuelle et physique qui donne à la musique toute sa souplesse et son organicité.
Qu’il s’agisse d’une œuvre de Boulez, de Brahms ou de Palestrina, la musique obéit à des règles de tension mélodique universelles.
– Pablo Heras-Casado
Un infatigable explorateur
Dans toutes les étapes de son travail, la curiosité est un moteur. Cette quête de redécouverte se traduit dans le répertoire, puisqu’il dirige volontiers des œuvres contemporaines peu jouées ou des œuvres méconnues de grands compositeurs. Elle se traduit également dans la relation avec les différents orchestres qu’il dirige : lors des répétitions, rien n’est gravé dans la roche. La partition est très importante, mais elle doit prendre vie et espace à travers une construction commune entre le son propre de l’orchestre et les choix du chef, qui finit par rassembler tout le monde dans la même impulsion, autour du même objectif. Vous aurez l’occasion de le constater les 8 et 9 mai prochains avec l’OSM à la Maison symphonique lors d’une rencontre mémorable avec ce chef complet, ouvert et visionnaire.