
Fred Pellerin est de retour à la Maison symphonique, en décembre, pour un autre de ses fabuleux contes. Avec Les jours de la semelle, sous la direction de Kent Nagano, la magie sera au rendez-vous! Après des années de collaboration avec l’OSM, le conteur dresse un bilan pour nous en quatre questions.
C’est votre 4e concert de Noël avec Kent Nagano. Qu’est-ce qui vous a marqué dans votre collaboration avec lui?
Ce qu’on trouve à la naissance du projet, et qui nous tient encore, c’est cette volonté de Maestro Nagano de rendre sympathique cette chose symphonique. Si les codes, l’ampleur et le décorum peuvent parfois donner à penser que cette musique est réservée à une classe de monde à part, les nombreuses initiatives de ce grand chef auront redonné au public large cette musique vaste. Nos contes symphoniques comptent, je crois, parmi ces bons coups qui auront permis au public de rencontrer l’orchestre sans s’enfarger dans les fleurs du tapis.
Vous évoluez dans l’univers du conte, une tradition orale, alors que la musique classique a des codes plus formels. Deux mondes très différents. Qu’avez-vous retiré de cette expérience?
À la première rencontre entre mes contes et la symphonie, je me demandais bien si ces deux patentes si éloignées dans la forme allaient pouvoir s’arrimer véritablement. Le défi était de taille, mais il s’est avéré que Maestro Nagano avait vu juste. Le conte allait non seulement offrir à des moins initiés une belle raison de franchir les portes de la Maison Symphonique, mais aussi, du dedans, le fait de pouvoir coller des pièces musicales sur des éléments d’une histoire allait nous permettre de faire des choix audacieux de morceaux qui trouvent plus rarement leur place dans les concerts habituels. La rencontre artistique est riche: mes petits contes modestes se trouvent anoblis par les habits orchestraux. Et sur le plan humain? Le travail d’équipe, le partages des connaissances et le côtoiement de cette bande de passionnés me fait grandir de quelques pouces à chaque fois.
Dans tous ces concerts avec l’OSM, avez-vous un souvenir inoubliable?
Le souvenir à sourire qui se présente dès cette question posée, c’est celui du moment où j’ai dirigé l’orchestre. Dans le but de croiser le conte et la musique le plus possible, nous avons travaillé depuis les premiers moments à créer des interactions entre Maestro Nagano, l’orchestre et moi. Aussi, durant l’écriture de Le divin enfin, René Richard Cyr a lancé l’idée de placer un moment dans le spectacle où le chef n’arriverait pas à faire démarrer la musique correctement. Profitant du moment, je lui offrirais de l’aider en prenant moi-même le rôle de chef et, sous ma gouverne, la pièce allait s’ouvrir comme il le fallait. Grand ouvert, Maestro Nagano a accepté de me laisser les rênes musicales pour un moment. C’était complètement fou!
Qu’est-ce qui vous a inspiré ce nouveau conte, Les jours de la semelle?
Quand je propose une histoire à travailler aux gens de l’orchestre, je puise dans les contes que je tiens déjà dans mon répertoire. Je choisis une histoire qu’on prendra soin d’enjoliver, de déployer, mais, à chaque fois, je prends soin de sortir une trame éprouvée et solide, un conte que je connais déjà. Cette année, je suis allé fouiller dans mes boîtes. À la première pige, je suis tombé sur un conte qui mettait en vedette le forgeron et sa Lurette. L’histoire aurait été bonne, mais j’avais peur qu’on se retrouve trop près des personnages qu’on avait rencontrés dans La tuque en mousse de nombril. J’ai donc repassé nos autres histoires pour recenser nos vedettes antécédentes: on avait eu Babine dans Le bossu symphonique, Ésimésac dans Le divin enfin… À qui le tour? Toussaint Brodeur méritait sa place parmi le grand monde!
Les jours de la semelle : les 12, 13 et 14 décembre, 20 h, 15 décembre, 14 h 30 et 20 h, Maison symphonique.