
Si András Schiff était une nuance, ce serait sans doute un pianissimo : raffinement, délicatesse, dévouement sans bornes à l’âme de la musique… Les 23 et 24 octobre prochains, l’OSM aura le bonheur d’accueillir l’un des maîtres incontestés du répertoire de tradition classique à l’occasion du concert Sir András Schiff joue et dirige l’OSM.
Bach avant toute chose
Originaire de Hongrie, fils unique de survivants de la Shoah, András Schiff étudie très tôt le piano et se spécialise dans l’interprétation des œuvres de Bach, qu’il décrit volontiers comme un « grand scientifique qui se lance systématiquement de nouveaux défis et les résout au plus haut niveau possible. » András Schiff confie également jouer une heure de Bach au début de chaque session de travail, ce qui explique sans doute qu’il connaisse presque toute l’œuvre de Bach par cœur!
Il est essentiel pour moi de fermer les yeux et d’ouvrir mes oreilles et mon cœur afin de pouvoir communiquer le message du compositeur.
Sir András Schiff
Triple piano
La vie d’András Schiff a été une quête perpétuelle de raffinement et d’authenticité. Cela se traduit notamment par la recherche d’un son idéal. Jouant aussi bien sur instrument moderne qu’ancien, il n’a pas hésité à acheter un pianoforte des années 1820 signé Franz Brodmann pour l’enregistrement des œuvres tardives de Schubert. Un instrument capable de rendre des subtilités inaccessibles à nos pianos modernes, notamment dans les nuances douces, et ce fameux triple piano que permet une pédale appelée modérateur. Pour allier le luxe au raffinement, il arrive même au pianiste de déménager son instrument par avion spécialement pour donner un concert!
Jouer et diriger en même temps?
Si le fait d’interpréter une pièce et de la diriger en même temps peut sembler étonnant, c’est un usage courant jusqu’au début du XIXe siècle. Les orchestres comptant alors moins de musiciens, c’est souvent le claveciniste, pianiste ou violon solo qui assure la direction de l’œuvre. On trouve encore aujourd’hui des artistes qui jouent et dirigent, particulièrement dans les répertoires baroque et classique. C’est la cas d’András Schiff, qui se considère dans ces deux rôles comme un musicien de chambre avant tout : écoute mutuelle, recherche d’un son unifié sans délaisser l’individualité, traitement méticuleux des subtilités, voici les ingrédients qui seront au menu des concerts des 23 et 24 octobre prochains, avec des œuvres de Haydn, Beethoven, Brahms et Bartók.
© Benjamin Goron