
par Gabriel Paquin-Buki
Une histoire de famille
Lionel Bringuier nait le 24 septembre 1986 à Nice, dans une famille de mélomanes, mais non-musiciens. Son père est ingénieur et sa mère est enseignante; rien ne laisse présager la carrière musicale fulgurante que connaîtra le jeune Lionel. C’est grâce à ses frères et sœurs plus âgés, qui s’y sont initiés avant lui, qu’il est entraîné dans ce monde artistique.
Mon frère a toujours été une grande source d’inspiration pour moi. Depuis que je suis petit, je l’entends jouer au piano.

Aujourd’hui encore le duo Lionel et Nicolas Bringuier (piano) se produit en concert, comme ce fut le cas en 2020 avec le Concerto pour piano no 1 de Brahms accompagné par l’orchestre de l’Opéra de Nice.
Le jeune prodige
C’est de manière précoce que Lionel Bringuier a franchi plusieurs des étapes musicales importantes de sa vie. À 5 ans, il commence l’étude du piano et du violoncelle; à 13 ans, il entre au Conservatoire national supérieur de Paris; à 15 ans, il intègre la prestigieuse classe de direction de l’éminent chef d’orchestre Zsolt Nagy; et à 21 ans, il devient le plus jeune chef assistant de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Lionel Bringuier est habitué qu’on le questionne sur la manière dont son jeune âge fut perçu par les musiciens qu’il a dirigés. Mais il est catégorique : ça n’a jamais affecté ses relations de travail. « Les musiciens sont habitués de voir de tout et donc ce qui compte avant tout pour [eux], c’est de savoir si le chef d’orchestre connaît sa partition. »
La consécration
C’est notamment grâce au concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon qu’il remporte en 2005, que les portes des plus grands orchestres s’ouvrent pour Lionel Bringuier. À partir de 2007, il parfait sa technique et se lie d’amitié avec Gustavo Dudamel, qu’il seconde à Los Angeles, puis après un passage à Castille-et-León, il succède à David Zinman à l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich. À mesure que ces mandats avancent, les invitations internationales se multiplient. Après avoir parcouru la planète entière, Bringuier revient en 2019 vers ses racines niçoises comme Artiste associé à l’Opéra de Nice, heureux d’y retrouver le premier ensemble qu’il a dirigé à 15 ans.
J’aime travailler sur la durée. Bien connaître un orchestre permet de faire de la musique autrement, d’aller plus loin dans l’interprétation. Il y a une relation de confiance qui se crée et qui nous autorise à essayer des choses.
Rythmer sa vie comme on rythme sa musique
La vie de Lionel Bringuier est une histoire de rythme. Afin de conserver un certain équilibre, le maestro préfère les contrats de longue haleine et les relations qui perdurent, plutôt que l’enchaînement ininterrompu de voyages qui ne durent que le temps d’un concert. La qualité plus que la quantité est la manière dont se choisit la majorité de ses contrats. Et lorsqu’il prend l’avion, les chaussures de course et le maillot de bain ne sont jamais très loin des partitions. « Il faut préserver une hygiène et un rythme de travail qui permette toujours s’asseoir à table, réfléchir, penser, recréer un environnement de sérénité finalement, pour toujours se retrouver soi-même. »

Une place indéniable parmi les grands
C’est en 2018 que Bringuier est venu diriger l’OSM pour la première fois. Au programme : Moussorgski, Chopin – avec Jan Lisiecki –, Stravinsky et Henri Dutilleux, que le maestro aime particulièrement programmer. Lionel Bringuier est un chef brillant, passionné, méticuleux, clair et apprécié par ses pairs. Depuis ses premiers concerts sur le podium, il dégage confiance et respect, à l’aise tant dans la musique symphonique que dans l’opéra. Nul doute que ce jeune chef qui a maintenant plus de 15 ans d’expérience derrière le nœud papillon a encore énormément à offrir à la scène musicale internationale.
Lionel Bringuier dirigera les musiciens de l’OSM les 20 et 21 octobre prochains, lors d’un concert à saveur hongroise avec Brahms, Liszt et Kodály.