
Depuis plusieurs années, l’OSM favorise le rapprochement entre la musique symphonique et les cultures musicales des Premières Nations, des Inuits et des Métis à travers des projets collaboratifs audacieux. À l’automne 2018, la tournée dans le Grand Nord et la création de l’opéra Chaakapesh, le périple du fripon a permis d’inviter les communautés innues, cries et inuites à la découverte de l’univers symphonique de tradition occidentale. L’invitation est retournée cette année à l’occasion de la Virée classique avec le spectacle Makusham! : l’OSM entre dans l’univers des artistes innus Florent Vollant et Scott Pien Picard et de l’artiste métisse Moe Clark, qui établissent tous les trois des liens solides entre tradition et modernité. Le symphonique laisse place au folk, à la pop, à la spiritualité, à la dimension organique du son.
Bienvenue dans le makusham!
Florent Vollant, Tshishe Manitu
Une composante essentielle de la culture des Premières Nations
Il est difficile de définir avec exactitude ce qu’est un makusham. À la fois rencontre, partage, rassemblement où l’on peut aussi bien danser, jouer de la musique que raconter des histoires, le makusham est une énergie qui se communique entre des êtres humains ouverts, respectueux et remplis d’amour, c’est un hymne à la Terre et à l’existence où l’idée de performance n’a pas sa place, où l’on peut être pleinement soi-même. Le terme makusham est si élastique qu’il peut prendre des formes très diverses; ainsi, il désigne entre autres le studio de musique ouvert par Florent Vollant dans sa ville natale de Maliotenam, ou encore l’émission de variétés qu’il a animée à la télévision pendant plusieurs années.
Le makusham proposé lors de cette Virée classique, dans le cadre d’un partenariat avec le Festival Présence autochtone, sera à la fois unique et ancré dans une tradition intemporelle d’ouverture vers l’autre. Des chansons en innu, cri, français et anglais, une atmosphère festive mais épurée, le battement transcendant du teweikan (tambour traditionnel), une guitare folk et un ensemble de trois instrumentistes de l’OSM (marimba, violon et violoncelle) : ce rassemblement en version acoustique avec des instruments de peau et de bois s’annonce aussi inspirant que ressourçant.
Moe Clark, niki pawatin

Un pont entre les cultures
Afin que les deux affluents se rejoignent pour ne former qu’une seule rivière, l’OSM a fait appel à un artiste d’exception. Le compositeur et arrangeur Blair Thomson, originaire de Toronto, était fasciné par le duo Kashtin (Claude McKenzie, Florent Vollant) pendant ses études en ethnomusicologie, et embrasse ce projet atypique avec un enthousiasme manifeste. Les premières rencontres entre l’arrangeur et les musiciens ont été l’occasion de découvrir les histoires derrière les chansons et de remonter aux origines de leur création : « Les artistes innus ont un amour profond pour leur musique, et je dois trouver la source de cet amour profond », confie Blair Thomson. Tout en cherchant à se mettre dans les souliers des musiciens, il sait qu’il doit rester lui-même afin d’écrire des arrangements sentis et respectueux des histoires et de l’univers musical des artistes. Les rencontres se poursuivront jusqu’au 9 août où nous sommes tous conviés à cette fête musicale et dansante, une invitation à la compréhension mutuelle, sans clivage entre artistes et auditeurs. En toute simplicité et en toute humanité. Bon makusham!
© Benjamin Goron