Un mot de notre Maestro afin d’ouvrir la 85e saison de l’OSM


Cette année marque la quatre-vingt-cinquième saison de l’OSM, un anniversaire que nous sommes heureux de célébrer avec vous, cher public. Comme pour les magnifiques paysages du Québec, chaque saison apporte son lot de beautés et de découvertes à partager et contribue à un enrichissement tant individuel que collectif toujours renouvelé. Au cours des quatre-vingt-quatre dernières saisons, l’évolution de l’orchestre et de son public nous a amenés à peaufiner notre compréhension du rôle d’un orchestre symphonique dans la société. Tout en évoluant, nous revenons constamment aux chefs-d’œuvre, puisqu’ils nous plongent dans un terreau de valeurs communes, garant de tous les développements à venir.

Les trois œuvres de notre concert d’ouverture illustrent parfaitement l’équilibre que nous visons entre tradition et nouveauté; elles témoignent de notre passé et plantent le décor de nos réalisations futures. Chacune à sa manière exprime des idées révolutionnaires et fait campagne pour le progrès.

Pour la composition de son Sacre du printemps, Stravinsky est allé puiser aux sources de son identité. Dans ce chef-d’œuvre, les thèmes païens de la renaissance cyclique et de la vénération de la Terre renvoient aux racines profondes de sa Russie natale. L’OSM fut le premier orchestre canadien à interpréter Le sacre, en 1957, et l’œuvre figure parmi les jalons essentiels de sa riche tradition.

Élément tout aussi important du génome musical de l’OSM, le Boléro de Ravel puise lui aussi sa source dans la culture des ancêtres du compositeur. Français d’ascendance basque, Ravel se réclamait de tous ses héritages, comme en fait foi son œuvre la plus célèbre par l’emploi d’un rythme venu d’Espagne, amplifié par une orchestration sophistiquée on ne peut plus française.

Enfin, nous présentons une œuvre nouvelle qui rend hommage aux sonorités, aux peuples et aux traditions de notre pays, comme l’ont fait à l’époque Le sacre et le Boléro. Chaakapesh, de Ricketts et Highway, est le fruit d’une collaboration à la croisée de cinq langues – le cri, l’innu, l’inuktitut, le français et l’anglais –, et dans laquelle sont impliqués des artistes de cultures multiples appelant cette terre leur pays. Issu d’une réflexion sur nos propres origines, ce conte cri, avec son message universel d’amour, laisse entrevoir un avenir de paix au sein de notre société. Ce concert inaugure une saison à la fois festive et visionnaire, une saison qui trace la voie aux traditions toujours renouvelées de l’OSM pour les quatre-vingtcinq prochaines années. Merci d’être avec nous aujourd’hui. Nous espérons vous voir souvent durant cette merveilleuse année de concerts qui débute.

Kent Nagano
Directeur musical